vendredi 11 mars 2011

Chapitre 17 : Rêve brisé

(Bannière en attente)


POV Edward

Je me sentais prisonnier d'un brouillard épais, comme l'un de ceux que l'on retrouve sur sa route un matin de grand froid. J'étais immobile, comme maintenu au sol, je ne pouvais ni bouger, ni parler, ni même ouvrir les yeux. Ce seul effort me semblait insurmontable. Néanmoins je forçai quelque peu sur mes paupières closes afin qu'elles m'obéissent. Mon esprit était tellement embrumé que je voulais comprendre ou j'étais et ce qu'il m'arrivait. Au bout de quelques minutes de lutte interminable, je réussis à cligner des yeux et une lumière aveuglante me les fit instantanément refermer. Je sentis une pression sur ma main et une voix lointaine me parvint aux oreilles. J'essayai de me concentrer sur celle-ci et sentis ensuite deux mains chaudes se poser sur mes joues. Une douceur incroyablement maternelle … Mon corps semblait dissiper le brouillard qui se trouvait autour de moi minute après minute. J'attendais quelques secondes et me concentrait sur la chaleur des mains qui caressaient mes cheveux. Je forçai de nouveau mes paupières à s'ouvrir. Cette fois je ne les refermai pas. J'aperçus le doux visage de ma mère au dessus du mien. Elle souriait. Elle nicha son visage dans mon cou et je sentis une larme perler dans ma nuque. Pourquoi ma mère pleurait-elle ? Que s'était-il passé ? Ma gorge était sèche et il m'était presque impossible d'articuler le moindre mot … Je profitai alors de sa proximité pour murmurer quelques mots…

- Maman … Soif …

Elle se releva presque imperceptiblement non sans que ses boucles caramel caressent ma joue au passage.

- Bien sur mon chéri, je vais te donner à boire …

Elle regarda ensuite par-dessus mon lit.

- Emmett va chercher papa s'il te plait, il discute avec le médecin
- J'y vais tout de suite.

Je ne parvins pas à tourner la tête pour voir mon frère mais un courant d'air quelques secondes plus tard m'indiqua qu'il venait surement de sortir de la pièce. Médecin … Mais où étais je ? Je n'arrivai pas à replacer les pièces du puzzle dans l'ordre. J'observai alors l'endroit où je me trouvais. Les murs blancs étaient totalement dépourvus de décoration. J'aperçus une petite armoire au fond de la pièce et à mes côtés une petite table de nuit avec un téléphone. Une petite tablette roulante, où étaient disposés un pichet d'eau et un verre, se trouvait aux côtés de ma mère. Quelques chaises étaient éparpillées autour de mon lit. Nul doute, je me trouvais à l'hôpital. Je sentis tout à coup ma tête se surélever et la lumière aveuglante revint m'agresser les rétines. Je levai alors une main vers mon visage mais ce simple geste me fit grimacer de douleur. J'avais l'impression d'être cassé en mille et un morceaux.

- Oh pardon mon chéri, je vais baisser les stores.

Lorsque je ré-ouvrai mes paupières, une lumière plus tamisée régnait dans la pièce. Ma mère s'approcha de moi avec un verre d'eau et le porta à mes lèvres. Je bus quelques gorgées et cela sembla apaiser le feu de ma gorge.

- Edward, j'ai eu si peur …
- Je ne … je ne me souviens plus …

Au moment où les mots s'échappèrent de ma bouche, je vis la porte de ma chambre s'ouvrir. Je tournai un peu la tête et aperçus mon frère qui souriait, suivi de près par mon père et un homme en blouse blanche que je supposais être mon médecin. Mon père s'approcha de moi et passa sa main dans mes cheveux en me souriant.

- Je suis content de te revoir mon fils …

Il prit place auprès de ma mère et lui enserra la taille. Elle reposa sa tête sur son épaule et soupira de soulagement en mettant sa main sur son cœur.

- Bonjour Edward, je me présente je suis le docteur Shepherd mais vous pouvez m'appeler Derek. Votre père et moi sommes amis de longue date. Comment vous sentez vous ?
- Je me sens un peu perdu …
- Vous souvenez vous de ce qu'il vous est arrivé ?
- Non
- Pas d'inquiétude c'est tout à fait normal, la morphine crée parfois cet effet de brouillard, nous allons diminuer la dose maintenant que vous êtes réveillé et ce sera à vous de nous dire si vous ressentez ou pas la moindre douleur … Vous vous rappelez de chaque personne présente dans cette pièce ?
- Oui
- Très bien, le reste ne va pas tarder à vous revenir, essayez de faire travailler votre mémoire, cela stimulera votre cerveau.
- Bien … Merci
- Nous vous ferons quelques examens neurologiques complémentaires demain matin mais je repasserai vous voir un peu plus tard … Content de vous retrouver parmi nous Edward !
- Carlisle, je te vois plus tard…
- Merci Derek

Je lui adressai un bref signe de tête et il sortit de la pièce quelques secondes plus tard.

- Que m'est-il arrivé ?
- Il faut que tu essayes de faire travailler ta mémoire comme te l'a dit Derek … Tu ne te souviens de rien ?
- Non, tout est embrouillé dans mon esprit.
- Ferme les yeux et essaye de te rappeler ton dernier souvenir, le reste viendra de lui-même.

J'écoutai les conseils de mon père et inspirai en fermant les paupières. Mon dernier souvenir m'envoya directement dans ma chambre avec Bella. Nous avions passé une nuit pleine de tendresse et d'amour. Je laissai mes souvenirs vagabonder et me rappelai ne pas l'avoir trouvée à mon réveil. Je me souvenais également du nœud que j'avais eu à l'estomac ce matin là en ne la voyant pas près de moi. Comme un mauvais présage ! Les souvenirs affluèrent ensuite plus brusquement dans ma tête. Une série de flashs me traversa l'esprit. Je me rappelais m'être inquiété de ne pas la voir rentrer alors qu'elle avait noté sur un mot qu'elle était juste sortie chercher le petit déjeuner. Et là tout me revint comme un boomerang. La haine que j'avais éprouvée en voyant Jacob maintenir ma douce contre le mur de mon immeuble, les cafés et les viennoiseries qui gisaient à terre. Une bagarre entre lui et moi s'était ensuivie, puis la voix de mon frère, de l'autre côté de la rue qui m'avait distrait juste une seconde. Une seconde de trop qui avait permis à Jacob de prendre le dessus. Je me souvenais alors de la douleur que j'avais ressentie dans mes côtes et le manque d'air qui avait envahi mes poumons. Mais le pire de mes souvenirs me glaça d'horreur, je me souvins de ma douce, ma tendre Bella étendue sur la chaussée …

Je me relevai alors brusquement et sentis les larmes couler à flot le long de mes joues.

- Où est-elle ? Je veux la voir …
- Doucement petit frère …

Emmett me força à reprendre place sur mon matelas.

- Arrête Em' je veux la voir, dis moi où elle est …
- Non
- Très bien alors je la trouverai seul.

J'amorçai alors un geste pour sortir de mon lit mais une douleur fulgurante me traversa la poitrine.

- Arrête de vouloir jouer les héros Edward, tu ne peux même pas te lever, tu dois te reposer, je t'emmènerai la voir en temps et en heure en attendant il te faut du repos, t'es sorti du coma y'a à peine dix secondes merde !

Mon frère avait parlé de manière sévère. Ses yeux ne trahissaient aucune émotion. Il était clair qu'il ne me laisserait pas la voir, pas tout de suite du moins… Résigné je reposai ma tête sur mon oreiller et passai mes deux mains sur mon visage.

- Dis moi Emmett … Je t'en prie, dis moi qu'elle va bien …

Celui-ci baissa la tête et la secoua quelques secondes. Il sembla rassembler ses esprits et ces longues secondes de silence me parurent durer des heures.

- Elle … Elle est en soins intensifs, Rose et Alice sont auprès d'elle
- Et le…
- Je n'en sais pas plus, je suis désolé petit frère …
- Dis-moi qu'elle va s'en sortir Emmett.
- Je l'espère … vraiment je l'espère …

La fin de journée se passa dans un flou total. Je n'écoutais plus les conversations autour de moi, toutes mes pensées naviguaient vers une seule et unique personne : Bella.

POV Emmett :

Je n'avais jamais vraiment eu de croyances… La religion était quelque chose qui me passait complètement au dessus de la tête… Et pourtant ces derniers temps, je me rendais dans la petite chapelle de l'hôpital chaque jour. Je n'y allais pas forcément pour prier, je m'asseyais juste sur un banc et je laissai libre cours à mes pensées, sans me demander si une quelconque divinité pouvait y avoir accès. Pourtant je pouvais rester des heures dans ce havre de paix.

Au réveil d'Edward, une joie immense s'était emparée de moi, suivie de près par un nœud à l'estomac. Je savais que c'était à moi qu'incomberait la lourde tâche de lui parler de l'état de Bella. Ce petit bout de femme ne faisait partie de notre vie que depuis quelques mois à peine et pourtant elle avait pris une grande place dans le cœur de toute notre famille…Voir la souffrance dans les yeux de mon frère m'était intolérable… J'aurais tant voulu lui épargner ça… Je voyais déjà tant de souffrance dans les yeux de ma belle Rose tous les jours… Après quelques minutes passées dans ce lieu mystique je sortais afin de rejoindre ma chérie. Il ne fallait surtout pas qu'Edward découvre qu'il était à peine à deux couloirs de la chambre de Bella sinon je le soupçonnais d'être prêt à tout pour se lever de son lit. L'amour peut parfois donner un courage insoupçonnable.

Lorsque j'aperçus Rose, je vis qu'elle tenait Alice dans ses bras. Cette dernière sanglotait sur l'épaule de ma belle. Je m'approchai doucement d'elles. Une fois à leur hauteur, je posai une main dans les cheveux de Rose et les lui caressai dans un geste tendre. Elle leva ses beaux yeux vers moi et ce que je pus y lire me déchira le cœur comme à chaque fois.

- Des nouvelles ?
- Toujours pareil …
- C'est … c'est tellement d… dur … de la voir … branc…branchée à tous … tous ces tuyaux … et toutes … ces machines …
- Alice calme toi … le principal c'est qu'elle soit encore là avec nous non ?
- Je sais Rose mais … mais … c'est tellement …tellement … ça fait tellement … mal…
- Shhhtttttt, je sais ma Lice, je sais …

Rose et moi échangeâmes un regard lourd de sens tandis qu'Alice pleurait de plus belle contre son épaule. Au bout du couloir, je vis Jasper se diriger dans notre direction. En le voyant, Alice se précipita dans ses bras. Il remercia Rose d'un signe de tête.

- Je m'occupe d'elle Rosalie, rentrez vous reposer tous les deux.
- Mais … mais on ne peut … on ne peut pas partir … Et si … et si il y avait un … un changement…
- Alice, l'hôpital a nos numéros à tous, s'il y a le moindre changement ils ont promis de nous appeler. Rentre avec Jasper et essaie de dormir.

Alice acquiesça faiblement. Rose lui déposa un baiser sur le front et fit un clin d'œil à Jasper. Elle vint ensuite se blottir dans mes bras. Je déposai un léger baiser sur son front. Elle était fatiguée. Nous l'étions tous depuis des jours.

- Comment va Edward ?
- Il s'est réveillé.

Elle releva vivement la tête vers moi.

- C'est super, comment va-t-il ?
- Physiquement ça a l'air d'aller, il ne semble avoir aucune séquelles, mais il ne peut pas bouger, il est encore très faible. Mais bon, tu connais Edward, dés que ses souvenirs se sont rappelés à lui, il a essayé de se lever pour aller la voir.
- Qu'est ce que tu lui as dis ?
- Je suis resté flou, je sais déjà qu'il s'inquiète, je ne voulais pas l'alarmer et risquer que cet idiot fasse une bêtise en essayant de se lever.
- Tu penses avoir réussi ?
- J'en sais rien, pour quelques jours tout du moins vu qu'il ne peut guère bouger sans avoir mal. Mais je ne pense pas pouvoir le retenir indéfiniment.
- Mon Dieu Emmett, je voudrais tant qu'elle se réveille.

Je sentis ses petites mains agripper mon T-shirt et des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues.

- Shhhhtttt mon bébé, je suis sûr qu'elle finira par se réveiller, aie confiance ça va aller.
- Tu sais j'essaie de convaincre Alice tous les jours que tout ira bien mais j'en viens à douter de moi même …
- Il ne faut pas… Bientôt tout ça ne sera qu'un lointain souvenir… Allez viens on rentre …

J'entourai sa taille de mon bras et elle cala sa tête sur mon épaule. Après avoir passé les portes coulissantes de l'hôpital, nous respirâmes l'air frais à plein poumons. Nous avions l'impression d'étouffer par moment. Je nous dirigeai jusqu'à sa voiture et elle me tendit ses clés. Elle s'installa sur le siège passager et laissa aller sa tête conte l'appui tête en fermant les yeux. J'étais malade de voir ma Rose dans cet état. Elle ne dormait plus et avait le visage amaigri. Je devais la forcer à manger sinon je craignais qu'elle ne se laisse dépérir. Je ne savais plus que faire, j'étais perdu. Je voyais les personnes de mon entourage sombrer les unes après les autres et tout cela me faisait peur.

Je me garai sur le parking de l'immeuble des filles. Alice dormant chez Jasper, je restais auprès de Rose dans leur appartement. Une fois rentré, je nous préparai quelques sandwichs. Comme à son habitude, Rose ne fit que grignoter le sien. Ne voulant pas la forcer davantage, je lui ôtai ses vêtements tendrement afin de lui passer son pyjama. Je l'installai sous les couvertures et me déshabillai pour la rejoindre. Je la pris contre mon torse et la cajolai du mieux que je le pus. Je lui embrassai la tempe en caressant ses cheveux. Je lui laissai verser les larmes qu'elle s'interdisait de laisser couler la journée et la serrai contre moi toujours plus fort.
Même si je n'étais pas croyant, ce soir comme tous les soirs depuis ce drame, toutes mes prières allaient vers une seule et même personne : Bella.

POV Rosalie :

Comment tout avait pu déraper ainsi ? Comment en étions nous arrivés à prier chaque jour que Dieu fait pour que notre Bella se réveille de ce combat qu'elle menait contre la mort ? Je pensais enfin voir le bout du tunnel avec l'histoire tumultueuse d'Edward et Bella. Je tenais enfin la preuve qu'il manquait pour leur assurer une vie heureuse avec leur bébé mais tout avait basculé en une seconde.

Je revivais l'accident de ma sœur de cœur à chaque fois que mes yeux se fermaient. L'impact du choc, le crissement des pneus sur l'asphalte, le corps étendu de ma meilleure amie baignant dans son sang. Toutes ces horreurs ne quittaient pas ma mémoire.

Lorsque les médecins n'avaient pas voulu nous donner de nouvelles, se justifiant que nous ne faisions pas partie de la famille proche, nous avions essayé de prévenir Charlie. Comble de l'ironie, celui-ci se trouvait être injoignable pour l'instant étant donné qu'il était en pleine mission d'infiltration. Ses collègues nous avait promis de faire passer le message dés qu'il serait en mesure de communiquer avec lui mais selon eux cela pouvait encore durer des jours… Nous avions également essayé de joindre Renée mais elle était en déplacement avec Phil et semblait injoignable. Suite à ça nous avions négocié avec les médecins pour avoir des informations sur l'état de santé de Bella. Je n'avais pas hésité à ramener à son médecin tous les albums photos que je possédais de Bella, Alice et moi depuis notre plus tendre enfance jusqu'à maintenant. Voyant ma persévérance, il nous avait révélé le strict minimum. Nous avions également réussi à obtenir un droit de visite d'une quinzaine de minutes par jour.

Je m'accrochai à ces quelques instants passés avec elle. Je lui prenais une main et Alice lui tenait l'autre. Nous lui parlions, espérant qu'elle nous entende et surtout nous lui répétions que nous l'aimions et qu'il fallait qu'elle se batte. C'est Alice qui avait raison : la voir branchée à tous ces tuyaux et reliée à toutes ces machines me transperçait le cœur. Je m'empêchais de pleurer pour Lice mais je me sentais détruite de l'intérieur. Une part de moi restait dans cette chambre avec ma meilleure amie, ma sœur…

Emmett était mon rempart pour ne pas sombrer. Il prenait soin de moi chaque soir, m'apportant toute la tendresse qu'il pouvait m'offrir. J'étais tellement bien avec lui. Depuis notre rencontre il m'avait fait sourire et rire comme encore aucun homme ne l'avait fait. Il pansait les blessures de mon cœur. Ile me redonnait confiance et foi en l'amour.

Comme chaque soir depuis l'accident, il m'avait cajolée et bercée comme un bébé. Je laissais rouler mes larmes contre son torse en respirant sa douce fragrance. Et comme chaque nuit depuis ce drame, mes songes n'étaient peuplés que par le visage d'une seule personne : Bella.

POV Edward

Voilà des jours que je restais cloitré dans ce lit sans pouvoir en bouger. J'étais pire qu'un prisonnier d'Alcatraz. Tout le monde se relayait à mon chevet – soi-disant pour venir voir comment j'allais – mais je savais qu'ils faisaient ça afin de m'empêcher de me lever pour aller la voir. Tous les jours, je priais mon frère de m'emmener à sa chambre mais il ne cédait pas, me disant seulement qu'il n'était pas possible de la voir pour l'instant et qu'il fallait que je sois en forme pour pouvoir y aller. Moi je ne demandais que quelques minutes auprès de l'amour de ma vie, pourquoi ne le comprenaient-ils pas ? 

C'était Emmett qui devait jouer la « nounou » cet après-midi. Lorsqu'il passa la porte de ma chambre, il brandit un sac en papier et l'agita devant ses yeux.

- Aujourd'hui c'est ma tournée de beignets.
- Je n'ai pas faim Em' !
- A ce que je vois Monsieur est toujours aussi grognon que ces deux derniers jours.

Ma mère se leva et lança un regard désapprobateur à mon frère. Elle se tourna ensuite vers moi et m'embrassa sur le front en passant une main dans mes cheveux.

- Je reviendrai ce soir avant la fin des visites avec papa.

J'acquiesçais d'un léger signe de tête. Elle prit son sac et lorsqu'elle passa à côté de mon frère celui-ci pencha sa joue. Elle y déposa un baiser furtif et sortit. Emmett fit alors le tour du lit et prit la place que notre mère occupait quelques minutes auparavant. L'air de rien, il se saisit de la télécommande et zappa sur les chaînes de la télé.

- Emmett…
- Hum…
- Emmène-moi voir Bella
- Tu ne peux pas, tu es en …
- … Convalescence oui je sais merci, c'est ce que tout le monde me répète chaque jour. J'en peux plus Em', ce silence va me rendre fou, je t'en supplie emmène-moi la voir. Je veux juste toucher sa main … Juste quelques minutes …

Ma voix s'était presque éteinte sur mes derniers mots. Depuis deux jours, je n'aspirai qu'à voir ma Bella. Pour une raison que j'ignorai, on me filtrait les informations. Tout le monde ne cessait de me répéter qu'elle allait s'en sortir mais qu'il lui fallait du repos et beaucoup de calme. D'après ce que j'avais compris, le père de Bella étant injoignable, Rosalie et Alice avaient bataillé dur pour obtenir un droit de visite, finalement autorisé par le médecin aux vues des circonstances. Alors pourquoi n'aurais-je pas pu profiter de ces quelques minutes qu'on leur accordait ?

Lorsque je jetai un coup d'œil à mon frère pour jauger son attitude, je vis que celui-ci avait l'air grave. Je n'avais pas remarqué jusqu'à aujourd'hui son teint blafard et les cernes qui se creusaient sous ses yeux. Il avait une barbe de quelques jours et ses cheveux semblaient aussi en désordre que les miens. Comme s'il avait passé ses mains dedans à maintes reprises. Cette constatation me noua l'estomac. Mon frère ne s'inquiétait pas inutilement en règle générale, alors pour qu'il soit dans cet état, Bella ne devait pas aller aussi bien qu'ils essayaient tous de me le faire croire.

- Em' dis moi ce qui se passe, tu me dois la vérité …

Il me jaugea du regard quelques instants et passa ses deux mains sur son visage. Il se tourna vers moi et posa ses avant bras sur le lit. L'heure de vérité venait de sonner et j'ignorai pourquoi mais je sentais que ce qu'il allait me dire n'allait surement pas me plaire…

- Ecoute petit frère, Bella est en soins intensifs, elle ne peut pas recevoir de visites…
- Mais Alice et Rose en ont bien le droit elles !
- Crois-moi ça n'a pas été facile … Ecoute …
- Tu me fais peur Em'
- Lorsque Bella a été admise, elle a … elle a subi pas mal d'opérations, beaucoup de ses organes vitaux étaient atteints, elle avait de multiples fractures, une hémorragie interne et elle …
- Elle quoi ?
- Elle a fait un arrêt cardiaque …

La nouvelle qu'il venait de m'asséner se répercuta comme un écho … Un arrêt cardiaque … Son cœur avait cessé de battre … Combien de temps ? Ce n'était pas possible … Tout ceci ne pouvait être qu'un atroce cauchemar. Je trouverai Bella endormie dans mes bras et je balayerai tout ça de ma tête. Je fermai les yeux quelques secondes mais le constat fut sans appel, tout n'était que pure réalité.

- Et le bébé ?
- On n'en sait pas plus … Les médecins refusent d'en dire trop … Rose et Alice ne sont pas considérés comme la famille proche, son père est injoignable et sa mère semble être en déplacement avec son beau père, aucun moyen de la localiser. Pour le moment on ne peut rien faire d'autre qu'attendre. Attendre qu'elle se réveille …
- Emmett je ne peux pas vivre sans elle.
- Je sais mais il faut que tu y croies. Elle va se réveiller j'en suis sur mais il va te falloir toutes tes forces pour être à ses côtés.
- Dis moi une chose … Est-ce qu'ils ont arrêté Tanya ?

Il soupira et je regardai dans sa direction. Il avait la tête baissée et lorsque je croisai ses yeux, je pus y lire la désolation.

- Ils ont trouvé la voiture mais cette garce s'est envolée. Impossible de remettre la main dessus.

Je ne répondis mais me jurai à moi-même de la retrouver et la tuer de mes mains. L'après-midi passa tout aussi lentement que les autres. Je sentais mon cœur pris dans un étau qui se resserrait au fil des heures. En fin d'après midi, ma mère repassa me voir avec mon père comme elle me l'avait dit avant de partir. Emmett laissa sa place et partit rejoindre Rose. Nous échangeâmes un bref regard. Je ne voulais pas voir la compassion dans ses yeux. Je ne voulais aucune compagnie ce soir, je voulais rester seul. Je prétextai alors à mes parents que j'étais fatigué. Ils ne s'attardèrent pas et partirent peu de temps après mon frère.
Je restai un long moment les yeux perdus dans le vide à penser à la femme que j'aimais. Le ciel ne pouvait pas m'enlever le seul ange qui avait enfin éclairé ma vie. Je ne savais pas combien de temps j'étais resté immobile mais le silence qui régnait dans la pièce devenait trop pesant. Lorsque je relevai la tête, je sentis les larmes séchées craqueler mes joues. Je n'avais même pas senti une seule de ces traitresses. Je passai mes deux mains sur mon visage, espérant que cela me remette les idées en place. Je n'avais qu'une seule obsession : la voir.

Las de ne pas savoir, je réunis toute mon énergie pour me lever de mon lit. Mes côtes me faisaient encore souffrir mais qu'importe ! Lorsque je me mis sur mes deux pieds je chancelai quelque peu. Je pris quelques secondes afin de recouvrer mon équilibre et amorçai quelques pas vers l'armoire de ma chambre. Je l'ouvris et trouvai une pile de T-shirts propres ainsi que quelques pantalons de survêtement. J'ôtai la chemise d'hôpital qu'on m'obligeait à porter, enfilai un de chaque tant bien que mal et me dirigeai vers la porte. Je l'ouvrai et passai ma tête dans le couloir. Celui-ci était désert. Je ne savais pas de quel côté aller et pris la direction de droite, espérant que celle-ci me mène à mon cœur.

Je passai plusieurs couloirs avant de repérer le panneau indiquant les soins intensifs. Dire qu'elle était si près de moi depuis des jours … Emmett ne s'était pas risqué à me dire ça ! Il me savait capable de tout. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être mais je supposais que nous étions en pleine nuit vu le silence qui régnait dans les couloirs. Une fois devant la double porte, je jetai un œil par les hublots et ne vis personne. Sans un bruit je me faufilai jusqu'au comptoir d'accueil. Je cherchai des yeux un quelconque renseignement m'indiquant où elle se trouvait. En levant les yeux sur les feuilles épinglées au mur, je trouvais la liste des patients avec leurs numéros de chambre. Je posai un doigt sur celle-ci et le fit courir le long de la page jusqu'à trouver celui que je cherchais : Isabella Swan – Chambre 203.

Je tournai sur moi-même afin de repérer dans quelle direction me diriger. Je pris le premier couloir que je trouvais et ne tardai pas à trouver ce que je cherchais. Une fois devant sa porte, j'expirai un bon coup et abaissai lentement le loquet. Je ne savais pas ce qui m'attendait derrière cette porte. J'ignorai dans quel état j'allai la trouver mais je n'hésitai pas davantage. L'odeur aseptisée de la pièce envahit mes narines en quelques secondes. Je pouvais entendre le Bip de la machine qui contrôlait les battements de son cœur. Celui-ci était lent mais régulier. Je fus soulagé d'entendre ce son. Cela signifiait tant pour moi. C'était la promesse qu'elle ne m'avait pas quitté, que malgré son état, elle était encore là quelque part.

Je fis quelques pas dans la pièce et lorsque j'aperçus son visage, mon cœur se mit à battre une chamade incontrôlée. Je m'approchai de son lit et m'assit sur le siège qui se trouvait près de sa tête. Je me saisis de sa main et la portait à mes lèvres afin d'y déposer un tendre baiser. Je m'enivrai de l'odeur de sa peau. Je reposai sa main sur le lit tout en la maintenant dans la mienne. Je tournai mon regard vers son visage et l'observai quelques instants. Celui-ci était strié de bleus et elle avait un pansement à l'arcade sourcilière. Je me fustigeai mentalement pour avoir mis un jour Tanya sur sa route. Bella ne méritait pas ce qu'il lui arrivait. Tout était de ma faute. J'essuyai une larme solitaire du revers de la main.

- Pardonne-moi ma Bella

Ma voix n'était qu'un chuchotement. J'espérai qu'elle m'entende. Je passai un doigt sur ses lèvres et caressai sa joue de mon pouce. J'aurais tant voulu voir son sourire à cet instant. Elle était ma seule bouffée d'oxygène, je me refusais à penser que tout cela puisse s'arrêter.

Tout à coup, j'entendis deux infirmières s'arrêter et parler devant la chambre de ma douce. Je me dépêchai de me lever et me cachai dans la petite salle de bain attenante. Je cessai presque de respirer de peur qu'elle ne m'entende. Je ne voulais pas être chassé si tôt. Je voulais encore rester près d'elle, toucher sa peau et respirer son odeur encore quelques instants. Je les entendis ensuite rentrer dans la chambre et brasser quelques papiers.

- Quelle est le nom de la patiente ?
- Isabella Swan
- Que lui est-il arrivé ?
- Elle a été transportée ici après avoir été renversée par une voiture.
- Elle semble si jeune.
- Elle n'a même pas 21 ans. Elle est dans le coma depuis son arrivée. Elle souffre de multiples fractures et a été opérée à son arrivée. Elle avait une grave hémorragie interne et elle a perdu beaucoup de sang. Elle a été transfusée mais reste très faible.
- Il est écrit sur son dossier qu'elle était enceinte de 10 semaines.
- Oui mais elle a perdu son bébé lors de l'accident. Sa muqueuse utérine a particulièrement été touchée et elle a eu un déchirement des trompes. Le chirurgien a pris la décision de tout lui retirer afin d'éviter les complications.
- Oh mon Dieu, pauvre enfant... Elle sera stérile toute sa vie…
- Si elle s'en sort, elle pourra au moins vivre sa vie … Ses constantes sont à prendre toutes les deux heures.

Je n'arrivai pas à croire ce que je venais d'entendre. Je pris mes cheveux dans mes mains, retenant le cri de douleur qui menaçait de s'échapper de ma gorge. Le bébé … Notre bébé … J'attendis que les infirmières sortent de la chambre pour revenir auprès de ma belle. Je reprenais sa main dans la mienne et versait quelques larmes silencieuses sur celle-ci. Je lui caressai le front de mon autre main libre, repoussant quelques mèches de ses cheveux vers l'arrière.

- Mon amour, j'ai tout entendu… Je sais que tu vas souffrir en te réveillant et je ne peux… Je ne peux pas m'empêcher de me sentir responsable de ce qu'il s'est produit. J'espère qu'un jour tu pourras me pardonner pour tout ça.

Je restai quelques minutes à contempler son visage d'ange et l'embrassai une dernière fois sur la tempe. Je déposai un autre baiser sur sa main que je tenais toujours au creux de la mienne et quittai sa chambre à regret. Je fis le chemin en sens inverse jusqu'à ma chambre, le cœur lourd et piétiné. Une fois à destination, je m'adossai à la porte et me laissai glisser contre celle-ci. Je mis mes mains sur mon visage et pleurai silencieusement mon bonheur perdu.

POV Emmett

Les jours qui suivirent mes aveux furent calmes. Le silence d'Edward était certes pesant mais au moins ça avait l'avantage qu'il ne me pose pas de questions auxquelles je ne saurais ou pourrais répondre. Il était livide et absent de toutes conversations. Il mangeait peu et bien souvent il ne se nourrissait que parce que notre mère menaçait de demander au docteur de le mettre sous perfusion. Elle était plus qu'inquiète, elle voyait son fils dépérir sous ses yeux sans pouvoir faire quoi que ce soit. Moi j'étais complètement dépassé par tous ces évènements.

Malgré son état moral déplorable, la santé physique de mon petit frère s'était nettement améliorée. Hier le médecin avait donné son accord pour qu'il sorte de l'hôpital. Avec mes parents, nous espérions beaucoup que cela l'aiderait à remonter la pente raide sur laquelle il ne cessait de glisser. Une chose m'avait quand même très étonné : il ne m'avait plus réclamé de se rendre auprès de Bella. Je n'avais pas remis le sujet sur le tapis ne sachant pas comment il avait digéré les dernières nouvelles que je lui avais fournies sur son état de santé.

A vrai dire, elle n'allait ni mieux, ni moins bien. Son état s'était stabilisé. Les médecins avaient à priori arrêté de la plonger dans un coma artificiel mais son corps restait malgré tout dans un sommeil profond. Cependant, son cerveau avait une activité cérébrale correcte et rien ne laissait à penser qu'elle ne se réveillerait pas. Il fallait juste donner à son corps et à son esprit le temps de se remettre du traumatisme qu'elle avait vécu. Elle avait été transférée dans un autre service où les visites étaient autorisées. Alice et Rose passaient tout leur temps à son chevet, se contentant de lui tenir la main et d'évoquer leurs souvenirs d'enfance. Charlie et Renée ayant enfin été joints, ils avaient tous deux sautés dans un avion après avoir appris cette nouvelle bouleversante. Le chef Swan ne quittait que rarement sa fille, posant sur elle un regard bienveillant mais néanmoins inquiet. Il restait des heures entières assis sur un fauteuil, espérant certainement un moindre mouvement de la part de sa fille. Renée, elle, pleurait beaucoup. Ma mère, toujours à l'écoute, s'était prise d'affection pour cette femme au cœur sensible. Elles allaient toutes deux faire quelques promenades dans le jardin de l'hôpital. Je suppose que de mère à mère, et de femme à femme, elles s'aidaient mutuellement à supporter la situation. Leur rencontre s'était produite devant la chambre de Bella. Esmée venait demander régulièrement des nouvelles à Rose. Je me doutais également que ma mère avait parlé à Renée de la relation ambigüe qu'entretenaient Edward et Bella.

En entrant dans la chambre de mon petit frère ce matin, je pensais retrouver un Edward heureux de sortir de l'hôpital, mais au lieu de ça, je le trouvais assis dans son fauteuil, un air grave sur le visage. Son sac de sport trônait sur le lit, ouvert mais vide. La porte de l'armoire était ouverte mais tous ses vêtements reposaient encore sur les étagères. Comme s'il ne voulait pas quitter ce lieu maudit ! 

- Et ben alors petit frère ? Ton sac n'est pas prêt ? Tu n'as pas envie de retrouver ton lit douillet ainsi que les bons petits plats de maman ? Non parce que je comprends que tu ne veuilles pas bouffer la nourriture infecte que te sert l'hôpital… Sérieux même moi j'ai pas envie d'y manger …

Il ne répondit pas mais leva ses yeux dans ma direction. Son regard me transperça de part en part. C'était celui d'un homme blessé, cassé par les épreuves que la vie lui infligeait depuis quelques semaines. Je pris place en face de lui et soutint son regard même si voir mon frère aussi abattu me faisait mal à en crever.

- Allez viens, je t'emmène la voir…
- Je l'ai vu Em'… Je l'ai vu chaque nuit de cette semaine…

Ceci expliquait donc cela. Je comprenais mieux pourquoi il ne réclamait aucune nouvelle. Edward était téméraire. Il n'avait peur de rien et le fait qu'il rejoigne Bella dans sa chambre toutes les nuits ne m'étonnait que très peu.

- Finalement, ça ne m'étonne même pas…
- Je lui ai fais tellement de mal Em'…
- … Non, je t'interdis de dire ça ! Tu ne lui as fais aucun mal, c'est Tanya qui lui en a fait ! Arrête de prendre sur toi les actes et conséquences de cette garce. Bella est forte, elle va s'en sortir. Les médecins ne nous donnent pas de raisons de penser le contraire. Et quand elle se réveillera, elle aura besoin de toi, elle aura besoin que tu sois là pour l'aider à surmonter tout ça !
- Tu comprends pas Emmett…

Il rejeta sa tête en arrière et ferma les yeux. Il semblait perdu dans ses pensées, analysant certainement ce que je venais de lui dire. Edward avait toujours été réfléchi, à l'inverse de moi. J'avais été déconcerté quand j'avais appris sa première nuit avec Bella. L'impulsivité n'était pas un trait dominant dans sa personnalité mais cela m'avait inévitablement rapproché de lui. Nous échangeâmes un regard complice. Lui comme moi savions que jamais je ne le laisserais tomber et que même si j'avais été en colère contre lui par le passé, je serais toujours présent quoi qu'il arrive. Il se leva finalement et termina de ranger ses affaires. Lorsque nous sortîmes de la chambre, il ne prit pas la direction de l'entrée mais celle du corridor qui menait à la chambre de Bella. Je le laissais faire sans rien dire mais je redoutais la rencontre entre le Chef Swan et lui. Certes, ils s'étaient revus quelques fois mais depuis, de l'eau avait coulé sous les ponts et Charlie Swan avait appris beaucoup de choses en tendant l'oreille.

En arrivant devant la porte de la chambre, il prit une profonde inspiration et posa sa main sur la poignée. Pour ma part je restais en retrait sur une chaise du couloir. Je savais que Rose et Alice n'étaient pas encore arrivées. Je savais aussi qu'il avait besoin de faire ça seul. Faire face au père de sa petite amie dans de telles circonstances n'était pas courant mais j'étais certain qu'il serait capable de gérer cette situation.

POV Edward :

J'entrai à pas feutrés dans la chambre de ma douce. Je vis tout de suite son père à son chevet. Celui-ci me renvoya un regard glacial. Il se leva presque brusquement si bien que je stoppai mon avancée.

- Qu'est ce que tu fais ici ?
- Je suis venu pour la voir…
- Je t'interdis de t'approcher de ma fille ! Regarde ce que tu lui as fais…

Je ravalai ma colère et mes larmes et avançai pour tenter d'apercevoir le visage de la femme de ma vie. En la voyant, mon cœur eut un raté, comme à chaque fois. Sa peau était translucide et son teint terne. Les bleus qui recouvraient ses bras commençaient doucement à prendre une teinte jaune et certains avaient presque totalement disparus. Je m'approchai doucement et passai devant le père de Bella. Je saisis la main de cette dernière entre la mienne et l'approchai à mes lèvres. J'entendis un grognement provenir de mon voisin puis une voix féminine nous interrompre.

- Charlie Swan, veux-tu bien cesser de te comporter comme un ours mal léché ?

Nous tournâmes tous deux les yeux vers la femme qui venait de faire irruption dans la chambre. Elle était plutôt petite avec des cheveux légèrement bouclés de couleur auburn. De grands yeux bleus faisaient la navette entre le chef et moi. Cette femme avait quelque chose de familier mais je n'aurais su dire quoi. Elle s'avança vers moi et me tendit sa main.

- Je suis Renée, la mère de Bella et toi tu dois être Edward ?
- Oui madame
- Oh mon Dieu ! Appelle-moi Renée…

Je serrai la main qu'elle me tendait de mon autre main libre et j'entendis un soupir de la part du Chef Swan. Ensuite, Renée fit le tour du lit et déposa un baiser sur la tempe de sa fille.

- Bonjour ma chérie

Cette courte étreinte m'émut. Je n'avais pas imaginé ce que ses parents pourraient ressentir en la voyant allongée, dans ce lit d'hôpital, inconsciente. Je n'avais pensé qu'à moi et ma douleur. Et puis les paroles de Jacob refirent surface dans mon esprit, me rappelant les sensations ressenties en apprenant sa chute depuis cette falaise. J'imaginais sans peine ce que son père avait dû vivre à ce moment là et ce qu'il revivait encore maintenant. Je lui adressai un bref regard, il avait les yeux rivés sur Bella. Je détournai la tête et regardait mon ange. La voix un peu rauque je pris la parole pour exprimer à ses parents à quel point j'étais désolé de tout ce qui était arrivé. J'ignorai si la sincérité de mes mots les avait touchés mais toujours est-il que le chef Swan me fit un petit signe discret de la tête.

Les heures passaient lentement au rythme des Bip de la machine à laquelle elle était branchée. Renée s'était absentée il y avait de ça une heure pour aller se promener avec ma mère. J'ignorai totalement que ces deux là se connaissaient. Charlie m'expliqua vaguement qu'Esmée passait prendre régulièrement des nouvelles de Bella..

- Je te suis reconnaissant de l'avoir tirée des sales pattes de Jacob…

Je levai les yeux en entendant la voix du chef.

- Finalement, c'est moi le plus coupable de nous deux…

Je fronçai les sourcils lui soulignant mon incompréhension.

- Ça n'a pas été facile d'élever Bella seul. Je n'ai pas toujours été un père attentif aux besoins de sa fille. J'ai toujours été un peu dépassé par tous les évènements qui peuvent arriver à une jeune adolescente.
- Bella vous aime.
- Et moi aussi je l'aime. Plus que tout au monde. Mais je crois que j'ai arrêté de la voir grandir. J'ai arrêté de voir ce qu'elle désirait et ce qu'elle ne voulait pas. Quand elle s'est mise à fréquenter Jake, j'étais heureux. Je pensais vraiment que c'était un homme bien qui saurait la rendre heureuse. J'étais tellement convaincu de ça que j'ai réussi à la convaincre aussi. Mais je me suis trompé … Et lourdement ! Aujourd'hui j'en paie les conséquences.
- Tout ceci n'est pas votre faute. Bella pensait que Jacob ferait son bonheur. Elle voulait se rattacher à des valeurs solides et fiables…

Je ramenai une mèche des cheveux de ma belle derrière son oreille en souriant.

- Je ne m'attendais pas à rencontrer un tel ange. Elle a mis de la couleur dans ma vie depuis qu'elle y est rentrée. Rien que pour ça je ne la remercierais jamais assez.
- Je vous ai beaucoup observés lors du mariage tous les deux…

Je relevai la tête surpris par cet aveu. Il m'adressa un petit sourire.

- Je suis flic Edward. Je suis un homme d'observation…Je me doutais de quelque chose mais j'essayais de me convaincre du contraire. Pour moi elle avait épousé Jacob, tout allait bien dans le meilleur des mondes… J'aurais dû me fier à mon instinct.
- Et que vous disait votre instinct ?
- De parler avec ma fille et de lui dire ce qu'elle avait besoin d'entendre dés le début.

Il observa sa fille quelques secondes avant de reprendre.

- Que quels que soient ses choix, je l'aimerais jusqu'à mon dernier souffle.

Une larme perla au coin de l'œil de ce père rempli d'un amour infini pour sa fille. Soudain, un choc me fit tourner la tête vers Bella, je me levai d'un bond et regardai la main que je serrais dans la mienne. Le chef Swan, en alerte lui aussi, s'approcha du lit de sa fille et caressa son front.

- Bella, ma chérie tu m'entends ?

Je sentis une nouvelle fois ses doigts bouger dans ma main.

- C'est ça Bella, serre mes doigts si tu nous entends…

Elle réitéra son geste. J'étais fou de bonheur. Charlie se précipita à l'extérieur de la chambre de sa fille et cria dans le couloir pour appeler une infirmière. Quelques secondes plus tard, une jeune femme apparut et me fit écarter du lit. Elle ouvrit les pupilles de ma douce et les observa à la lueur d'une petite lampe. Elle contourna le lit et appuya sur plusieurs boutons de la machine. Elle appela ensuite un médecin et nous pria de sortir. Après quelques réticences, nous allâmes dans le couloir afin d'attendre des nouvelles. Pour la première fois depuis longtemps que je sortais de cette chambre, j'avais le cœur léger. Ma Bella se réveillait ! Le cauchemar était enfin terminé !


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